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La colère des commerçants des Arceaux : malgré les promesses du maire le parking va être supprimé

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Le parking des Arceaux doit fermer en 2024 pour laisser place à une grande esplanade. Commerçante dans le quartier, Alice Watkowski est atterrée par cette « sentence », elle et le bureau de son association « Les pros des Arceaux » ont participé durant plusieurs mois à des réunions de travail avec la mairie, qui leur avait assuré que la nécessité de maintenir au moins 100 places de parking avait été entendu. Entretien vérité. (Extraits vidéo à retrouver ici)

Pouvez-vous présenter brièvement votre activité ?

Je suis gérante du centre de beauté des Arceaux depuis 2010 et je travaille là depuis 25 ans. J’étais salariée avant et j’ai racheté l’institut.

Comment a commencé le « dossier » du parking des Arceaux ?

On a eu la fermeture du parking qui a duré un mois du 9 janvier au 11 février et pendant un mois on a pu constater la différence au niveau de l’activité et du chiffre d’affaires, ça ça concernait tous les commerces, il y a des commerces qui en ont souffert surtout les commerces de bouche, dans la rue Marioge… Mais comme ça n’a pas duré, que le mois d’après il n’y avait plus rien [le parking a rouvert], ça n’a pas trop eu d’impact si je puis dire sur ma clientèle, mais ce que j’ai entendu souvent c’est « ah mais si demain il n’y a plus de parking on ne pourra plus venir parce que là c’est l’enfer ».  Le centre-ville étant complétement saturé, [les clientes] se garent toutes là, tous les gens qui veulent aller au centre-ville se garent là c’est clair, je travaille là depuis 25 ans donc je peux vous le dire, je passe devant le tous les jours, je peux vous dire que là ces derniers temps le parking est plein tous les jours… donc le jour où il n’y a plus ce parking-là… je ne sais pas, je pense que les gens vont fuir Montpellier en règle générale, là je parle de tous les villages… Saint Clément, Grabels, Saint Gély, toutes les habitantes de ces villages du nord de Montpellier qui descendent sur Montpellier avec facilité finalement mais parce qu’elles ont la facilité de se garer, demain si elles n’ont plus la possibilité de se garer, elles ne vont plus venir du tout, mais ça de toutes façons elles le disent toutes, même pour aller au marché, elles le disent « moi mon plaisir c’est d’aller au marché » et elles n’iront pas se garer à Pitot, ça c’est une certitude parce que le retour de la mairie c’est « de toutes façons si vos clientes ne vont plus se garer [au parking des Arceaux], elles iront à Pitot, c’est à 5 minutes » oui enfin ce n’est plus du tout la même dynamique d’être dans un parking couvert et d’être à l’extérieur, où vous sortez de votre voiture, vous traversez la rue et vous êtes sur tous les commerces des Arceaux, ça n’a rien à voir, clairement.

La mairie évoque aussi la création des places 30 minutes gratuites…

Oui mais nous ça ne nous correspond pas du tout, je l’ai dit déjà lors de la réunion publique, je l’ai dit à Monsieur le maire, je l’ai dit à Madame Frêche, je l’ai dit à tous les élus qui étaient là, moi ces places de 30 minutes ça ne correspond pas du tout à mon commerce, et comme je leur ai expliqué, ce n’est pas que mon commerce, c’est le coiffeur, c’est l’avocat, c’est le notaire, c’est le médecin généraliste, ou le spécialiste, même vous voulez à la pharmacie vous n’y restez pas 30 minutes, si derrière vous devez aller faire 3 courses, dans la rue Marioge, pour aller chez le boucher, parfois il y a la queue… et puis comme j’expliquais à Madame Frêche, ces places de 30 minutes c’est quand même une grosse supercherie, parce qu’en fait ce qu’ils ont fait c’est juste qu’ils ont augmenté la tarification des places « vertes » , maintenant pour venir vous garer ça vous coûte 30€ pour rester la journée. 

Oui mais la mairie justifie ces places 30 minutes pour répondre à la problématique des voitures ventouses… 

Mais ce n’est pas une ventouse que de venir se garer aux Arceaux pour venir ici chez moi, en face, aller à droite, à gauche, au centre-ville… moi mes clientes c’est ce qu’elles font, quand elles habitent à l’extérieur de Montpellier, elles viennent, elles ont leur journée de repos, elles se garent aux Arceaux, et elles font tout ce qu’elles ont à faire, mais pas que chez moi, pas qu’aux Arceaux, parfois elles vont en centre-ville, je le sais parce qu’on a suffisamment de temps avec nos clientes pour pouvoir en discuter donc elles vont, elles viennent, donc ce n’est pas des voitures ventouses, ce n’est pas des gens qui restent pendant une semaine là parce qu’elles ont envie de rester garées aux Arceaux, c’est des gens qui viennent parce qu’ils consomment aux Arceaux, chez nous ou au centre-ville même. C’est ça qu’ils ne comprennent pas à la mairie et c’est ça que je n’arrive pas à leur faire comprendre, c’est que finalement ces places 30 minutes, c’est juste des places qui sont excessivement chères, pour que les gens ne restent pas mais au final les gens ne veulent tellement pas rester qu’ils ne consomment plus… et ils ne viendront plus ! Parce que rester 3 heures aux Arceaux ça va leur couter 15€, 20€, pour venir faire leurs achats, mais quel intérêt pour eux ? De venir faire leurs achats, leurs prestations chez nous, alors que dans les centres commerciaux autour de Montpellier c’est gratuit, elles se garent les clientes, elles ont juste à rentrer dans les centres commerciaux, à part fuit le centre-ville, qu’est-ce que ça va [faire] ?… Parce que c’est ce qu’elles disent toutes quand même, c’est les retours qu’on en a tous… parce que nos clients nous parlent et ils ont tous le même son de cloche. Déjà la problématique était la fermeture des rues qui nous a complètement enclavé, ça il faut être clair, les gens ne peuvent plus circuler d’un point A à un point B, ils ne peuvent plus traverser cette rue Saint Louis qui est fermée depuis des mois, forcément les gens arrivent là ils ne peuvent plus passer, ils ne peuvent plus faire leurs va et leurs viens, ce qui avant leur prenait 20 minutes leurs prend maintenant 1h15, et bien ils ne le font plus et le fait de ne plus pouvoir rejoindre l’autre coté de Montpellier par la rue Saint Louis, ça a juste déplacé le problème, parce qu’ils [la mairie] ne voulaient plus de pollution là, ils voulaient un « quartier apaisé » là sur la rue Saint Louis, très bien, par contre la rue Benjamin Milhaud… d’ailleurs tout le monde l’a dit en réunion [NDLR : réunion publique du 5 octobre], les gens qui habitent là ont dit « mais en fait vous avez juste déplacé le problème » maintenant c’est des bouchons à partir de 16h30, dès 16h30 c’est l’enfer donc la circulation et l’affluence ont été juste déplacé et il y a encore plus de bouchons qu’avant puisque tous les gens qui était là [rue Saint Louis] se retrouvent au même endroit que là où des gens passaient déjà autrefois.

Une des perspectives de la mairie est de faire changer les habitudes… que les gens lâchent la voiture… prennent le vélo… est-ce que ça marche pour l’instant ?

Absolument pas. Et la question que je me pose c’est comment une seule personne peut penser qu’il va réussir à changer la mentalité de 400 000 personnes ? J’ai du mal à comprendre en fait, moi j’ai des clientes, certaines sont âgées, d’autres ne sont pas habituées à prendre les transports en commun et si elles ont une voiture, ce n’est pas par hasard… elles jouent le jeu avec des voitures électriques pour l’écologie, et au final elles se retrouvent à ne même plus pouvoir les prendre… mais à quel moment on peut imposer ce genre de chose aux gens… moi j’ai des salariés : une à Sète, l’autre à Villeneuve, l’autre vers Fabrègues, c’est des filles qui habitent hyper loin… on ferme le soir à 20h quand c’est pas 20h30, parfois même c’est 20h45… est-ce que vous croyez que je vais imposer à ces jeunes filles de prendre le tramway à 20h30 le soir, aller au centre-ville où, quoi qu’on en dise ce n’est pas sûr du tout, prendre le train pour aller à Sète, à 9h du soir ? Non mais à un moment donné c’est des femmes qui ont des enfants, elles travaillent déjà 10 heures par jour, je ne vais pas en plus leur dire « maintenant vous ne venez plus en voiture vous n’avez qu’à garer vos voiture à l’extérieur ou vous prenez le train » ce n’est pas possible… enfin si la ville était plus sûre peut-être que les gens auraient envie davantage d’utiliser les transports, mais ce n’est pas le cas, alors ils nous vendent qu’ils vont nous mettre plus de policiers mais déjà on ne sait pas quand, on ne sait pas combien, et puis quoiqu’il en soit, quel que soit le nombre, ça ne va jamais pouvoir couvrir tous les créneaux dangereux ou tous les coins dangereux de la ville où on a peur de prendre les transports et où on a peur de se rendre le soir quand on est une femme seule…

Au sujet du parking des Arceaux, pendant longtemps il a été promis qu’il serait maintenu, au moins de moitié (100 places), un contact à la CCI nous l’avait assuré…

Parfaitement, moi j’ai été à toutes les réunions à la mairie avec Madame Valverde c’est elle qui nous a reçu à chaque fois, elle représentait le maire et ce qui a été convenu depuis le début, alors au début on avait parlé de 150 places, il y en avait 220 au départ, maintenant il y en a 208 et de 208 place il était convenu qu’on ait une marge de négoc’ entre 100 et 120 places mais pas moins, aujourd’hui on se retrouve à rien ! Alors que toutes ces réunions qu’on a fait, où on a passé des heures à la mairie à ce qu’on nous regarde droit dans les yeux « oui on a bien compris la problématique des commerçants on a bien compris ce qui c’était passé au mois de janvier et l’incidence que ça avait eu sur vos commerces donc on entend et aujourd’hui, on ne peut pas abolir le parking on est obligé de vous conserver des places, on a bien compris on gardera minimum 100 places » sauf que, qu’est ce qui s’est passé ? Dans tous les PV d’AG, pas une notification disant « la mairie s’engage à préserver 100 places de parking minimum », jamais… donc aujourd’hui on se retrouve avec zéro place. J’ai assisté à cette réunion [NDLR : la réunion publique du 5 octobre, le compte rendu de la mairie à consulter ici] où il y avait énormément de commerçants mais surtout des habitants des Arceaux et en fait je m’attendais à ce que les gens trouvent ça extraordinaire, trouve le projet formidable mais pas du tout ! Les gens qui étaient là je n’en ai entendu aucun dire « Bravo Monsieur le Maire je suis très content de ce que vous allez mettre », d’ailleurs entre parenthèses, il était convenu au départ que ce soit une coulée verte, et comme je l’ai dit à Monsieur Vignal (puisque c’est Monsieur Vignal qui a été retenu parmi les trois bureaux d’études qui avaient été concertés)… Monsieur Vignal prétend qu’il y a un tiers d’esplanade donc de béton et deux tiers de végétation mais je vous assure que quand vous voyez les programmes et les projets, je ne vois pas où il y a les deux tiers de végétation, et quoiqu’il en soit on se retrouve avec une esplanade à la place d’une coulée verte donc finalement c’est de nouveau du béton, donc on enlève du béton pour remettre du béton donc où est l’intérêt ? Je n’ai pas compris là… Non seulement on nous enlève les places mais en plus ce n’est pas pour mettre un parc comme c’était prévu avec des espaces verts, des jeux pour les enfants etc non, c’est pour mettre une esplanade bétonnée donc où est l’écologie là ? Je ne comprends pas…

Et à cette réunion du 5 octobre quelles étaient les réactions ?

Les habitants parlaient de la problématique d’être enclavé, les gens qui étaient sur l’avenue de Lodève disaient « on est complètement prisonniers de l’avenue de Lodève, on ne peut plus sortir ou alors il nous faut un temps infini », pour faire des trajets qui se faisaient en 10 minutes aujourd’hui les temps sont multipliés par trois pour contourner la ville, les gens parlaient de la pollution puisque forcément les problématiques se sont déplacées, il y avait beaucoup de gens qui se plaignaient de ce projet, il y avait aussi des gens qui habitent aux Arceaux et qui réalisaient que ça allait être un gros problème pour les commerçants des Arceaux et je pense qu’ils sont tous à réaliser qu’un commerçant qui ne marche plus c’est un commerçant qui ferme un commerçant qui ferme c’est un quartier qui meurt parce qu’un commerçant, deux commerçants, trois commerçants, moi je connais déjà quatre commerçants qui vendent leurs affaires aux Arceaux, là depuis ces annonces, quatre j’en connais quatre qui vendent, vous imaginez ce que ça représente, quatre commerçants sur les Arceaux ? Parce qu’ils ferment le parking, vous imaginez les conséquences que ça peut avoir ?

Les habitants du quartier ne suffisent pas à faire tourner les commerces ?

Ça c’est sûr que non, je vais parler à titre personnel, j’ai sept salariés, vous pensez bien que le quartier des Arceaux ne me fait pas vivre, si j’ai sept salariés, aujourd’hui c’est parce que je travaille surtout avec les villages autour, alors bien sûr j’ai une clientèle de quartier, évidement, mais ce n’est certainement pas (et je l’ai dit en réunion publique) ce qui me fait vivre, aujourd’hui ce qui me fait vivre c’est tous les villages autour, vous imaginez bien, j’ai 8000 clientes, ce n’est pas 8000 clientes qui font partie du quartier des Arceaux, et les autres commerçants, ce que je sais aussi, c’est qu’ils fonctionnent beaucoup avec les gens qui viennent de l’extérieur qui viennent pour le marché…

Quelles sont vos demandes ?

Qu’ils revoient leur copie, que Monsieur Vignal intègre à son projet et à son plan d’esplanade les 100 places qui avaient été promises, aujourd’hui il y a 208 places, OK il y a 60 abonnés qui partent à Pitot, très bien, donc chez moi le calcul est vite fait, de là à ce qu’on passe de ça à zéro, c’est quand même incroyable, alors que ça fait un an, toutes les concertations ça été « on a entendu vos problématiques, on vous garde des places c’est une nécessité pour le quartier des Arceaux » et aujourd’hui il n’y a plus rien, comment on a pu nous mentir pendant toutes ces réunion ? Et nous regarder droit dans les yeux « non mais attendez pas de problème on est en train de travailler » alors moi depuis le mois d’avril ce que je demande à la mairie c’est le cahier des charges qui a été donné aux trois bureaux d’étude, je ne l’ai jamais eu, on est en octobre, ça y est, les projets sont sortis pendant l’été, plusieurs fois j’ai demandé : « est-ce qu’on peut avoir le cahier des charges ? Je veux savoir ce que vous avez demandé à vos bureaux d’études pour ce nouvel espace » parce que nous commerçants on est bien d’accord de dire que c’est une verrue, il est moche ce parking, il est vraiment pas joli, on est au pied d’un monument historique qui est magnifique, on est au pied du Peyrou qui est superbe, OK il n’y a pas de problème, on refait des choses, a proposé plein de choses… ce parking l’idée c’était la coulée verte, on a donné des photos on a donné des projets, on a donné des choses, pourtant ce n’est pas nos boulots, mais on a donné quelques idées qu’on a été chopé, à droite, à gauche, dans d’autres villes, par exemple des espèces d’abris sur chaque voiture, ça faisait un parking un peu plus à l’ombre (parce qu’il est en plein soleil et l’été c’est juste l’horreur) et tout ça, végétalisé, déjà vu d’en haut quand on est sur le Peyrou ça fait leur fameuse coulée verte qu’ils espéraient tant, en tous cas ça fait quelque chose de plus joli, de plus harmonieux, alors ça va couter de l’argent mais je pense que ça ne va pas couter plus que ce qu’ils ont prévu de faire, donc des abris végétalisées, ça existe, ça se fait, avec des vignes grimpantes, ça s’est vu dans plein d’endroits, vu des marches [du Peyrou] c’est plus joli et on conserve nos places… après on s’est dit « ils veulent nous enlever des places, c’est pas grave, les places qu’on perd, c’est les 60 abonnés qui partent à Pitot et 48 places en plus, très bien » avec 108 places il y avait moyen quand même de faire de la végétalisation, pourquoi pas une petite fontaine au milieu, enfin des choses un peu sympathiques… rien de tout ça n’a été retenu, rien. 

Est-ce que le maire lui-même vous avait fait une promesse ?

Droit dans les yeux, ma réponse est oui, droit dans les yeux, tout ce qu’on vient d’aborder avec vous c’est ce que j’ai eu comme off avec Monsieur le maire, donc moi j’ai été le voir en fin de réunion lors d’une réunion qui avait eu lieu, et c’est exactement ce qui a été prévu et après ont découlé toutes les réunions qu’on a eu avec la mairie, avec Madame Valverde, à la suite de cet entretien avec Monsieur le maire, mais il était convenu avec Monsieur le maire, pas avec ses élus, ce n’est pas des gens qui ont raconté que, c’est bien lui qui nous avait affirmé qu’il garderait des places parce qu’il avait bien mesuré l’importance que le parking avait pour nos commerces, mais il revenait sur le fait que ce n’était pas possible qu’on garde les 200 places, ce qu’on avait bien validé, parce qu’on avait bien compris que si on refaisait le parking c’était pour faire quelque chose de plus joli et qu’il allait falloir céder quelques places.

Aujourd’hui comment vous sentez-vous vis-à-vis du maire ?

Là j’attends d’avoir des explications, mais en fait ce que je voudrais aujourd’hui c’est qu’à la suite de tout ce qui a pu être dit, lors des réunions, c’est une autre réunion, à nouveau, c’est ce que j’attends en fait… une réunion dans son bureau pour qu’on m’explique précisément qu’est ce qui s’est passé entre tous ces mois et toutes ces réunions, et le résultat final, la sentence, parce que là pour moi c’est une sentence, ce qui est tombé aujourd’hui c’est une sentence j’ai l’impression que là on nous a menti pendant tout ce temps et je trouve ça hyper injuste pour nous commerçants d’avoir un maire qui n’a pas tenu ses engagements, ça, ça me pose un problème, ça nous pose un problème.

Et ces réunions, c’est la mairie qui vous conviait ?

On était que le bureau de l’association des commerçants des Arceaux, « Les pros des Arceaux », donc on était environ 5, parfois 6, à se rendre à la mairie, avec Madame Valverde, c’était des réunions de travail auxquelles on apportait chacun nos idées parce que « réunion de travail » comme son nom l’indique, ça veut dire que nous aussi on bossait de notre côté, on n’arrivait pas pour boire le café avec Madame Valverde, on bossait, on lui proposait des idées, on lui proposait des choses, qui devait être retranscrites et éventuellement reproposées lors de concertations avec leurs trois bureaux d’études.

Et donc du coup quelque part, ces réunions n’ont servi à rien ?

Rien du tout. Pas « quelque part ». Ça n’a servi strictement à rien. J’ai l’impression d’avoir… pendant toutes ces réunions-là où j’ai passé plusieurs heures avec mes collègues commerçants et Madame Valverde, j’ai perdu mon temps en fait, alors au lieu d’être dans mon magasin en train de travailler, j’étais là-bas, au final pour rien. J’avais des convictions, j’avais confiance en la mairie, et je me suis dit « t’es pas au travail mais pour quelque chose d’hyper important » donc pour moi c’était capital.

La démocratie participative est-elle en panne ?

Elle est plus qu’en panne là, elle est nulle… alors beaucoup de commerçants disaient « vous ne voyez pas qu’ils vous endorment avec ces projets ? » Ils ont proposé la fête des Arceaux, ils ont fait des choses super, ils ont fait un film, alors ça franchement, d’ailleurs je l’ai dit à Monsieur le maire, j’ai trouvé ça génial, je sais dire quand les choses sont bien, et féliciter et remercier, ils nous ont apporté des choses comme ça en disant « on est là, on ne vous lâche pas », et au final qu’est-ce qu’il s’est passé ? Ils nous ont fait la fête des Arceaux, ce petit film, deux banderoles, bon, c’est chouette, mais est-ce que grâce à ça les gens vont venir ? Est-ce que grâce à ça les gens vont pouvoir venir se garer et nous faire travailler ?

Et vous ne récupérez pas une clientèle qui vient à vélo ?

Absolument pas. De toutes façons cette clientèle-là elle était déjà cliente chez nous, mais ce n’est pas une nouvelle clientèle qui va venir parce que c’est fermé et qui va se dire « tiens je vais me mettre au vélo ».

Les gens restent dans leurs voitures en fait…

Mais bien sûr, mais ça ne changera jamais, les gens habitent à Montpellier, pas à Amsterdam, à Nantes, il faut arrêter avec ça… « on va faire changer les mentalités » mais qui peut faire changer les mentalités comme ça en un claquement de doigts ? Là ce qui est clairement en train de se passer, et là je vais aller plus loin que les Arceaux, là tout le centre-ville, c’est ce que j’entends tous les jours, et je ne comprends pas qu’à la mairie ils ne l’entende pas, on est en train de faire mourir la ville, le cœur de ville est en train de mourir, clairement, les gens ne veulent plus aller en ville, mais c’est ce que j’entends tous les jours, « c’est impossible d’aller en ville » « c’est l’enfer d’aller en ville » « c’est l’enfer de se garer » « c’est l’enfer d’y accéder » « c’est l’enfer de sortir » « il y a des bouchons partout » « tout est enclavé »… alors du coup ça donne du pouvoir d’achat à tous les commerces autour : Odysseum, Carrefour Lattes, Carrefour Saint Clément, là c’est l’endroit où il faut s’installer en ce moment, c’est pour ça qu’il y a des commerces qui ont envie de partir pour aller s’installer dans des endroits comme ça, où les gens n’ont plus qu’à garer leur voiture -parce qu’ils ne l’abandonneront pas- et à descendre faire leurs courses et faire leurs achats… Le pouvoir d’achat à Montpellier il y est, ce n’est pas le problème, les gens ont de l’argent, par contre ils n’ont pas le temps parce que c’est des gens qui bossent qui ont énormément de travail, qui ont des familles etc, donc « on n’a pas de temps à perdre dans les embouteillages et dans la problématique de se garer, il faut que ça aille vite, on vient dépenser notre argent si ça va vite, si on n’a pas le temps, on va ailleurs » c’est simple, c’est mathématique, « no parking no business », c’est marketing, tout le monde le sait, je ne comprends même pas qu’à la mairie ils osent nous faire cet affront de nous dire « demain plus de parking ».

Dans le Midi Libre il y a quelques temps, un article parlait de l’affluence rue de la Loge, les chiffres de fréquentation sont à la hausse selon les données MyTraffic…

Vous avez demandé aux commerçants ce qu’ils en pensaient ? Parce que moi j’y suis allée et ma question c’est « je suis commerçante aux Arceaux, qu’est ce qui se passe aujourd’hui dans vos commerces ? » toutes les réponses sont les mêmes « on a perdu tout pouvoir d’achat, les gens ne viennent plus, les gens ne consomment plus, la clientèle qu’on avait avant… Ils ne viennent plus… clairement, alors peut-être que c’est des gens qui viennent en balade, ou des touristes qui viennent, qui se baladent et qui viennent voir la rue de la loge parce que c’est joli, ils viennent voir la place de la Comédie, c’est joli, mais ce n’est pas du tout les consommateurs qu’on avait autrefois… »

Alors que faut-il faire ?

Déjà garder les places ça c’est une évidence, rouvrir la rue Saint Louis avec la possibilité de rejoindre Gambetta, ça éviterait que cette rue soit morte, et ça désengorgerait Benjamin Milhaud qui est saturé et depuis hier ils ont fermé professeur Forgues… donc vous imaginez l’enfer que ça va être.

Que craignez-vous pour votre commerce ?

Aujourd’hui [ma boutique est] ouverte de 9h à 20h 6jours/7, du lundi au samedi, ça représente 66h par semaine, on est 8 personnes pour couvrir les horaires, demain si j’ai une clientèle qui se réduit, je ne vais plus pouvoir ouvrir 66 heures par semaine, je vais devoir licencier du personnel, ça c’est une évidence, on ne peut pas continuer à bosser à 8 s’il n’y a du travail que pour 4, donc je vais devoir réduire mes horaires donc mes 66 heures par semaine vont devoir être réduites à 50 heures par semaine ou peut-être que je vais fermer le lundi, je vais peut-être ouvrir à 10 heures comme ça se fait dans plein d’autre commerces au centre-ville, on ne va pas être ouvert jusqu’à 20h ce qui arrange bien nos clientes qui bossent mais on va fermer à 19h parce que finalement je n’aurais plus la capacité de couvrir tous ces horaires avec suffisamment de personnel donc aujourd’hui mon commerce va peut-être tenir parce qu’on est implanté depuis 37 ans, donc peut-être que ça va tenir encore pendant des années encore, je le souhaite, parce qu’il faut savoir qu’en mai j’ai pris un nouveau local pour agrandir mon commerce, on développe différents soins que les clientes aiment… mais si vous ne pouvez pas vous garez vous allez aller à Jardiland, maison du monde, Ikea, c’est tellement facile… et tous ces petits commerces qui ont envie de faire bouger un quartier, ça va s’arrêter… il n’y a pas besoin d’avoir fait l’ENA pour comprendre ça. 

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