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Une heure avec un taxi montpelliérain

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Ce sont les oubliés du plan de circulation. Ils sont sur la route toute la journée mais on ne prend pas en compte leurs avis… Les taxis auraient pourtant de nombreuses suggestions à faire concernant le plan de circulation. Pour mieux comprendre leur quotidien et leur point de vue, nous avons passé une heure avec Xavier, taxi à Montpellier depuis 4 ans. Récit.

Rendez-vous à 9h avenue d’Assas, Xavier vient de terminer ses trois premières courses de la journée, des transport médicaux. En plus des courses « traditionnelles », ce père de famille fait aussi du transport médical, c’est-à-dire qu’il conduit des patients à l’hôpital et/ou va les chercher « il y a des patients qui de part leurs pathologie, on droit à un bon de transports pour les transporter dans les établissements de soin ». VSL ou taxis conventionnés, les patients ont le choix. Ce qui change avec ce type de course, c’est le tarif : la sécurité sociale fixe un tarif et que la course prenne 20 minutes ou 1h30 à cause de la circulation, le chauffeur de taxi gagnera la même somme « en taxi, il y a tout qui compte, les kilomètres qu’on parcoure et le temps passé dans les bouchons, les feux etc mais en taxi conventionné, les tarifs sont établis au kilomètre par la sécurité sociale, cela prend en compte le point de départ et le point d’arrivée, par le trajet le plus court. Donc si sur ce trajet la voiture est arrêtée ça ne modifiera pas le tarif de la course. Du coup ça arrive de faire des trajets à perte… sur certains secteurs, Villeneuve-lès-Maguelone par exemple, est très embouteillée, pour venir il n’y a pas d’autre moyen que la route, il est clair que cette zone qui n’est pas loin de Montpellier en kilomètres… on peut passer énormément de temps pour prendre quelqu’un à Villeneuve-lès-Maguelone et l’amener dans le quartier des hôpitaux… du coup si on faisait le ratio de gain, bien sûr qu’il y aurait une perte, c’est pas des courses toujours rentables ». Les embouteillages, c’est donc un véritable enjeu pour Xavier.

Nous passons à proximité des Arceaux, je demande à Xavier si la fermeture de la rue Saint Louis le gêne, « non pas plus que ça ». La rue étant très embouteillée, lui et ses collègues ne l’empruntaient que peu, il faut savoir que les taxis ont le droit de passer sur les rails de tram, mais Xavier poursuit « en revanche cette fermeture de rue a compliqué la vie des habitants du quartier que l’on transporte, parce qu’ils n’ont pas d’alternatives pour rejoindre le cours Gambetta, les gens ne savent pas par où passer pour se rendre à un endroit où ils avaient l’habitude d’aller »

En remontant le boulevard du jeu de Paume, je questionne Xavier sur la circulation, quels sont les « points noirs » à Montpellier, ces axes bouchés ou difficiles pour circuler « tout ce qui est voie rapide, la ceinture qui est côté hôpitaux, qui va donc de Castelnau le Lez jusqu’au grand M, Avenue Henri Bares, voie domitienne, Sabatier d’Espeyran, l’avenue de la Justice de Castelnau, ça c’est des axes très souvent embouteillés, très problématiques et ensuite on a les boulevard proches du centre-ville de Montpellier »  quant au projet de fermer le tunnel de la Comédie au trafic de transit, Xavier évoque le fait que le tunnel a été construit pour faire circuler les voitures d’un côté de la ville à l’autre, et qu’aujourd’hui on ferme pour justement éviter cela… « après pour nous automobilistes ce qui est embêtant, c’est de voir qu’il n’y a pas d’alternative proposée à la fermeture du tunnel, le problème c’est ça : par où vont passer les gens ? il n’y a pas que du trafic de transit sous la Comédie, il y a des gens qui passent d’un quartier à un autre, et ces gens-là, la question c’est de savoir par où ils vont passer ? »

 

Depuis une rencontre avec la métropole en septembre 2021, silence radio...

Avant de devenir taxi, Xavier a passé 24 ans dans le transport de marchandises. 28 ans sur la route donc. Aujourd’hui il est taxi et conventionné sécurité sociale. 90% de son activité sont des courses Montpellier ou proche banlieue. Xavier est donc impacté par toutes les décisions qui touchent la mobilité de la métropole. Il fait partie du syndicat FTI 34 et lors des perturbations liées à l’éviction des taxis des voies de bus, l’ensemble de ses confrères taxis lui ont demandé à lui et un autre collègue d’être porte-parole des taxis envers la métropole et Julie Frêche.

Julie Frêche, Xavier l’a d’ailleurs rencontré, l’adjointe aux transports a passé une matinée en immersion dans un taxi. Suite à cet échange et à des discussions, plusieurs choses ont été évoqué, « nous avions par exemple demandé la mise en place d’un ralentisseur sur le pont de Sète, à un endroit réservé aux taxis où des véhicules non autorisés passent à vive allure, ça aurait pu être fait facilement pour ralentir le passage de ces voitures, mais ça n’a pas été fait… et d’autres sujets comme celui -là avaient été abordés et n’ont pas abouti ». Depuis cette rencontre qui date de septembre 2021, silence radio. Plus de rendez-vous. Plus de commission. Les sujets abordés n’ont pas été suivis. Pas d’information.

"Je ne laisse pas ma fille seule dans les transports"

A son compte depuis ses 20 ans, Xavier il vit à Lunel-Viel. Papa de deux adolescents dont une fille scolarisée à Joffre, Xavier la conduit tous les matins en voiture « de chez moi la seule alternative serait le bus qui la déposerait à Sablassou, ensuite de prendre un tram direction le Corum, pour ensuite marcher à pied, faire le tour par le Polygone, c’est interminable et puis il est hors de question que je laisse ma jeune fille seule dans les transports… Avec mon fils qui était dans le même établissement, on a fait le trajet en transports, et on a vu que ça allait être compliqué… quant au train, il n’y a qu’un train qui part très tôt. L’alternative était d’aller à Baillargues pour qu’elle prenne le train. Après on pratique le covoiturage avec une autre famille. A une époque je conduisais quatre enfants dans la voiture. »

 

De Montpellier... à Marseille

Arrivés à la gare Saint Roch, une course est commandée à Xavier, deux agents SNCF qui doivent rejoindre la gare Sud de France. Les agents sont originaires de Marseille, et intègrent notre conversation à propos de la circulation… Xavier évoque un article qu’il a lu et dans lequel Marseille serait décrite comme une bonne élève en termes de circulation, ce à quoi les clients répondent « c’est le bordel, c’est catastrophique, Marseille c’est une ville avec des petits quartiers qui n’a pas du tout été étudié pour drainer tant de véhicules, la 2 (une liaison directe entre l’autoroute nord et l’autoroute sud qui a été créé à Marseille car avant, il fallait passer par la ville pour rallier ces deux axes) est déjà saturée alors qu’elle est sortie de terre il y a un an et demi… ».

Les conversations se télescopent et je me rend compte que les problématiques à Marseille et à Montpellier sont parfois les mêmes, comme ces réductions de voies à Montpellier avenue Charles Flahaut par exemple… même décisions à Marseille « ils rendent des routes à double voies en voie unique et c’est pire… beaucoup disent qu’une fois les travaux achevés ça reprendra son cours mais je ne pense pas moi, parce que le problème c’est que la L2, les gens s’agglutinent pour aller la récupérer, les gens ne respectent pas le code de la route » En somme, selon ces deux messieurs, les embouteillages qu’il y avait en ville sont maintenant à l’entrée de la rocade… doit-on craindre ce phénomène à Montpellier dans le futur ?

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